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Présences Grenoble
Industrie — Le 4 novembre 2016

Converso TP : "Nous voulons croire en l’avenir de notre région !”

Frappées par une baisse de 15 % de leur chiffre d’affaires en 2014 et 2015 au niveau national, les entreprises de travaux publics ont dû réduire la voilure et s’adapter. À Vif, la société familiale Converso TP illustre cette mutation. Témoignage de son dirigeant, Bertrand Converso.

© JM. Blache

Vous représentez la quatrième génération de dirigeants ?
La société a été créée en 1928 par mon arrière grand-père, André Converso. Il construisait déjà des routes, des réseaux d’assainissement à l’époque. C’était un métier de force, de “casseur de cailloux”, et il est d’ailleurs décédé sur un chantier.

Comment s’est développée l’entreprise ?
Sous sa direction, Converso TP rapidement atteint une vingtaine de personnes. Mon père, Joël, a repris l’activité dans les années soixante. Depuis, la société a participé au boom de la construction et à tous les grands chantiers – A51, zones d’activités, lignes de tramway… Les communes de Vif, de Varces, ont connu une forte expansion démographique liée à l’arrivée de l’A51, et nous avons bénéficié de cet essor jusqu’en 2005.

Depuis quand avez-vous intégré Converso TP ?
J’ai pratiquement été élevé dans l’entreprise. J’adorais m’y rendre aux côtés de mon père. Dès que j’ai terminé mon BTS, je l’ai rejoint. C’était en 1996 et la société comptait déjà 50 personnes. Nous l’avons développée jusqu’à 100 à 110 salariés avec mon frère qui dirige maintenant la partie logistique et matériel, et mon père qui demeure à la direction. Le chiffre d’affaires a progressé, passant de 3,5 M€ en 1996 à 15,5 M€ en 2015, avec des investissements de plus en plus élevés sur les équipements et le savoir-faire des équipes.

La crise de 2008 a-t-elle représenté un tournant important ?
Oui, elle s’est surtout traduite par une baisse d’activité liée au secteur privé. Mais le pire était à venir. Après une petite reprise en 2010 et 2011, les travaux publics ont été directement affectés par la réduction des dotations de l’État aux collectivités. Un exemple : à Vif, elle a suscité un recul de 1 M€ du budget municipal, ce qui s’est traduit par une chute drastique de l’investissement. En parallèle, nous sommes passés de 49 clients, communes ou syndicats de communes, à un seul, avec la métropolisation en 2015. Cela a entraîné des transferts de compétences, de personnel, des nouvelles procédures, et quasiment une année blanche en termes d’activité. De plus, si le budget consolidé pour la voirie s’établissait à 35 M€ avant transfert, il est aujourd’hui de 16 M€ seulement. Heureusement, le Plan de relance du Département a été actionné en 2015, entraînant un effet incitatif immédiat auprès des collectivités qui ont enclenché des travaux. Mais pour nous, cela a à peine été ressenti, car le Plan n’a pas réussi à compenser les autres pertes. Sans cet appel d’air, la situation des TP aurait toutefois été bien pire !

Comment les entreprises s’adaptent-elles ?
Nous avons tous réduit nos marges, ce qui a mis à mal nos trésoreries. Les marchés publics partent avec des prix souvent inférieurs de 20 % à ce qu’ils étaient , ce qui n’est pas tenable sur la durée. Nos entreprises ne remplacent plus les départs, et font appel à l’intérim. En quatre ans, Converso TP est passée de 110 à 92 personnes. Toutes les entreprises locales ont aussi vu arriver les grands groupes sur leurs marchés. Pour nous, le montant moyen d’une opération est passé de 400-500 k€ à 150 k€, et nous allons tous en dehors de nos territoires chercher des affaires. C’est l’ensemble de l’échiquier des TP qui se trouve déstabilisé ! Dans ce contexte viendront encore s’ajouter la pénibilité et le prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu…

Quelles voies de sortie possibles ?
Les appels d’offres devraient absolument intégrer des critères environnementaux pour favoriser les entreprises locales et retenir les offres mieux-disantes. Car nous sommes des acteurs essentiels des territoires : nous faisons vivre des familles qui se logent, consomment, vont dans les écoles localement. Chez Converso TP, l’investissement est constant : même en situation de crise en 2016, 90 % de notre personnel a suivi des formations pour être en conformité ou anticiper les nouvelles réglementations de sécurité applicables en 2018. Avant même d’inventer la “Responsabilité sociétale et environnementale” (RSE), nos entreprises la pratiquent au quotidien ! En revanche, nous voyons bien que les grands projets ne sont plus à l’ordre du jour. Si la situation des TP repart un peu au niveau national, ce n’est pas le cas ici, malgré le Protocole d’accord sur l’échangeur du Rondeau et l’A480 que nous saluons. Mais nous voulons continuer à croire en nos villes, en notre territoire et à y être acteur. C’est la raison qui m’a poussé à accepter le mandat de président de la SDH, la Société dauphinoise pour l’habitat, premier bailleur social en Isère. Elle correspond à une conviction forte : une personne mal logée ne peut être bien ni dans sa vie ni dans son travail.
E. Ballery

Infos clés

- Travaux publics (terrassement, réseaux, voirie, démolition, génie civil)
- Vif
- 92 personnes
- CA réalisé à 70 % avec le secteur public (Métropole, Département, État, Région, communes et syndicats de communes, SNCF, EDF, GEG, Universités, SDIS) et
30 % avec le privé (promoteurs, construction de logements, industrie).

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