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Ils font l'actu — Le 30 janvier 2020

Mare Nostrum transforme l’essai

Mare Nostrum a pleinement réussi son entrée en bourse, en réalisant en décembre dernier une levée de fonds de 7,9 M€. Pendant que la société innovante des RH pour les PME et ETI poursuit son chemin de croissance, son dirigeant fondateur, Nicolas Cuynat, préside en parallèle aux destinées du FCG. Itinéraire d’une échappée gagnante.

En entrant en bourse, les équipes de Mare Nostrum confirment la pertinence de leur modèle économique et franchissent un nouveau cap © J.-M. Blache

Une entrée en bourse est plutôt atypique dans votre secteur d’activité. Pourquoi avoir retenu cette option ?

Nicolas Cuynat : Fin 2002, je fondais avec un associé la première agence de travail temporaire et notre premier cabinet de recrutement. Grâce à une approche transversale des problématiques RH, nous avons rapidement connu une croissance soutenue, mais consommatrice de cash, au travers du déploiement de nos implantations commerciales. Après avoir atteint un niveau de rentabilité plus qu’honorable en 2017, j’ai souhaité passer à l’étape suivante, c’est-à-dire sécuriser le développement en renforçant nos fonds propres. Plusieurs voies étaient possibles. Avec mes associés et des partenaires de confiance, nous avons comparé les solutions et fait le choix de l’entrée en bourse. Cette opération publique présentait l’opportunité d’accroître notre notoriété et de fédérer un premier cercle de managers, de fournisseurs et de clients. Si la place parisienne a relativement peu répondu, nos 12 réunions organisées en région, au contact des territoires où le groupe est implanté, ont mobilisé : les actions ont été sursouscrites, avec une demande totale s’élevant à près de 10 M€. J’en conclus que l’on peut faire d’une entrée en bourse une fantastique histoire d’aventures humaines et de RH ! En cela, notre base-line, “créateur de richesses humaines”, se vérifie. Nous avons réussi à convaincre autour de notre modèle.

Précisément, ce modèle reste original…

Toute la richesse de l’offre repose sur l’ingénierie RH. Au cœur, on retrouve bien sûr le travail temporaire, complété par le recrutement, les formations techniques, et depuis 2018, le portage salarial avec l’acquisition d’Altros. Le portage connaît une nouvelle dynamique depuis que son statut a été sécurisé. Il permet à d’anciens salariés, à des seniors rappelés pour leur expertise, de se lancer en bénéficiant de filets de protection. Il s’inscrit dans l’air du temps avec l’hybridation croissante des contrats de travail.

Vous gardez toujours un positionnement fort sur les marchés du BTP ?

Ce secteur représente 75 % du chiffre d’affaires en 2018, les 25% restants se répartissant entre l’industrie et le transport/logistique. Dans ce domaine, nous réunissons une expertise allant du recrutement à la formation, l’accompagnement de la mobilité pour des intérimaires œuvrant sur de grands chantiers – Axe Lyon/Turin, Autoroute A9 Montpellier/Perpignan, Grand Paris… – avec des missions de longue durée. Mare Nostrum est aussi spécialisée dans les profils qualifiés travaillant en milieu extrême, pour les stations de ski ou les sociétés de remontées mécaniques. Des personnes que nous nous attachons à fidéliser, par l’écoute de leurs priorités et le développement de leur employabilité. Au total, 12 000 intérimaires ont travaillé pour nos missions l’an passé. Nous embauchons également des personnes non qualifiées que nous faisons monter en compétences, par exemple en démarrant en manutention et en aboutissant aux différents métiers de génie civil par la suite. Cela a été dernièrement le cas sur le chantier EDF de Romanche-Gavet.

Bpifrance vous a sélectionné comme entreprise innovante, pourquoi ?

Le travail temporaire est une école d’humilité qui n’empêche pas l’anticipation. Nous misons beaucoup sur l’alternance, et face à l’absence de formations à nos métiers, nous avons créé notre propre bachelor, avec une école hors les murs. Côté agences, avec notre marque “Terra Nostra”, nous innovons en proposant des lieux phygitaux, des “jobs stores” où l’on retrouve l’ensemble de l’offre. Ces lieux à forte visibilité développent notre image de marque en proximité. Trois jobs stores ont déjà été implantés à Bourgoin-Jallieu, Grenoble et Bourg-d’Oisans. Au niveau des outils digitaux, nous avons acquis en mai 2019 Linkeys, une application de recrutement qui facilite et récompense la cooptation, et pris une participation dans Prismo, une société qui développe un CV nouvelle génération mettant en avant les compétences et non l’expérience des candidats. Ces initiatives répondent à trois “drivers” forts : l’externationalisation des RH, la flexisécurité à la française et un taux de chômage toujours élevé, couplé à la pénurie de main-d’œuvre. Nous voulons être cette brique manquante entre les ressources humaines disponibles et les besoins en compétences des entreprises. Enfin, nous nous saisissons des technologies pour offrir de nouveaux services, comme le gardiennage et la sécurisation d’événements, associant présence humaine et drones, un nouveau métier pour lequel nous avons créé un niveau de qualification reconnu.

Le 5 décembre, vous deveniez président du FCG…

C’est là encore le fruit de rencontres et d’engagements successifs, au fil de l’eau. Je suis entré dans un stade d’abord comme spectateur de football, et j’ai bifurqué sans regret vers le rugby. À la fin des années quatre-vingt-dix, j’ai d’ailleurs signé l’un des premiers chèques de la société pour le FCG ! J’ai un respect absolu pour le travail accompli par les présidents successifs. Je m’inscris à la fois dans la continuité et le collectif bâti par cette communauté. Après le départ de Sogeti, il nous faut continuer à écrire de nouvelles pages de l’histoire du club. Ce qui guidera mon action est la volonté de développer la communauté, la formation, et de nous maintenir dans l’élite du rugby français.
É. Ballery

Infos clés

  • Travail temporaire, recrutement, formation, portage
  • 278 collaborateurs
  • CA 2018 : 149 M€ (+36 %)
  • Plus de 100 implantations commerciales, 6 500 clients, 12 000 salariés intérimaires

A savoir

  • Pour réussir l’entrée en bourse, Mare Nostrum s’est préparée à la difficulté et l’a dépassée

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