Melting Pot : Une maison de famille

C’est à Champ-sur-Drac, en bord de route, une jolie maison d’habitation, genre pavillon des années soixante avec son bout de jardin, son perron, ses chambres à balcon. Sophie Escoffier, quand elle a entrepris avec son mari Christophe d’y ouvrir un restaurant, a bien pris soin de la conserver dans son jus : ses parquets, sa cuisine, ses pièces de réception transformées en autant de petites salles indépendantes.

Pour l’aménagement, elle a chiné un peu partout, variant les styles des tables, de la vaisselle, de la déco, avec un petit goût prononcé pour Frida Kahlo, dont la figure iconique s’affiche aux murs et jusqu’aux coussins de banquettes. Tout cela respire un côté cosy, chaleureux, sans chichis, où on se sent d’emblée comme chez soi. Le résultat, pour elle, d’une longue démarche. Après avoir été longtemps chargée de clientèle dans une banque, elle a voulu se reconvertir et a obtenu un master en communication. C’est finalement vers sa passion de toujours qu’elle s’est tournée : la cuisine.

À la fois comme chez soi, et comme là-bas…

CAP en poche, Sophie a donc ouvert, en juin 2021, ce Melting Pot. S’il y a bien un côté cuisine du monde dans ce qu’elle prépare, sensible aux épices, aux graines, aux parfums, le fond de sauce est français, avec comme base des plats de famille que l’on se plaît à retrouver relevés, à chaque fois, d’une petite pincée d’ailleurs. Ainsi les bananes plantain agrémentent le colombo au poulet, l’osso buco et ses spaghettis sont à la milanaise, les tajines sont préparés comme là-bas, et le paleron de bœuf est carrément confit à la bière.

Il faut dire que, cuisinant bio selon ses goûts et les couleurs de la saison, et ne proposant qu’un menu à l’ardoise avec deux entrées et deux plats qui changent chaque jour, Sophie Escoffier, aidée en salle par l’efficace Virginie, n’ouvre sa table qu’à midi et seulement en semaine. Les seules exceptions sont le vendredi soir et le samedi midi, où l’ardoise fait place à une carte un peu plus large, mais ne dérogeant pas à l’esprit de la maison.

La formule est bonne : c’est plein en permanence, et le « revenez-y » fonctionne à fond. On comprend pourquoi : le rapport qualité-prix est imbattable, et la cuisine est pleine de saveurs. Ce jour-là, on a plus qu’apprécié tremper une mouillette à la coriandre dans un velouté de potimarron au lait d’amande assorti du craquant d’un granola salé ; après quoi le sauté de veau mijoté dans sa sauce tomate avait, avec ses olives vertes et ses carottes, comme un parfum connu ; et pour finir, le brownie généreusement servi rafraîchissait son chocolat d’une boule de vanille bienvenue. Le tout sur un saint-joseph velouté, joliment nommé « un autre monde ». Tout un programme…

J. Serroy

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