Défaillances d’entreprises : éviter que 2024 ne soit une année record
Avec près de 32 000 défaillances au premier semestre, l’année 2024 risque de constituer une année record, dépassant les 55 000 procédures ouvertes de 2023, pour sauvegardes, redressements ou liquidations judiciaires. Le nombre de 60 000 a même été dépassé en avril 2024, en cumul sur 12 mois, témoignant de l’accélération du phénomène.
Une hausse à relativiser
À bien y regarder, la hausse sensible des défaillances d’entreprises ces derniers mois est à nuancer par rapport à la moyenne observée entre 2010 et 2019. En raison du fort soutien aux entreprises pendant et après la pandémie de Covid 19, les défaillances avaient fortement diminué. L’augmentation des difficultés, menant parfois au dépôt de bilan, procède donc d’une forme de rattrapage. Selon les analyses de Xerfi*, fondées sur la sinistralité des cinq années précédant la crise sanitaire, il « manquerait » 60 000 défaillances sur la période 2020-2023. Pas franchement de quoi rassurer les dirigeants dont les entreprises présentent une situation aujourd’hui fragile.
Il importe également de préciser que les difficultés évoquées font suite à une période marquée par une forte augmentation des créations d’entreprises, avec une véritable explosion des microentreprises. Quand on sait que quatre entreprises sur dix disparaissent avant leurs cinq années d’existence – un chiffre stable et toujours observé – il n’apparaît pas étonnant de constater la hausse des défaillances, celle-ci s’expliquant en partie par des créations plus nombreuses.
Des origines bien identifiées
Le ralentissement de l’activité économique, les taux d’intérêt élevés, la pression générale sur les coûts, que ce soit via les prix des matières premières, de l’énergie ou du travail… apparaissent comme autant de causes aux difficultés en période d’inflation. À ces dernières s’ajoute l’incertitude politique qui contribue à réduire l’horizon temporel et à renforcer la fragilité des entreprises. Diminution des bénéfices, voire augmentation des pertes, et dégradation des trésoreries contribuent à abaisser la résilience générale du tissu productif. Les difficultés sont particulièrement fortes dans certaines branches. Les défaillances ont ainsi augmenté de 35 % dans le BTP et 42 % dans les activités immobilières.
Pour une résilience collective
En pareille situation, les vieux réflexes ont tendance à resurgir. Ils favorisent le court-termisme et l’égoïsme. Le phénomène est décrit dans de nombreux travaux en psychologie : face à un danger ou une menace, la peur ou l’anxiété qui surviennent naturellement contribuent à la réduction du champ attentionnel, dans le temps et dans l’espace. Ces réflexes, hérités de l’évolution, ne font qu’amplifier les difficultés au niveau macroéconomique. La véritable résilience est à construire collectivement, au niveau de l’écosystème économique, par le biais de relations fortes et stables. De telles relations entre acteurs économiques sont caractéristiques de notre écosystème grenoblois. Elles constituent l’une de ses principales forces. Un véritable atout à pérenniser et à développer.
Commentaires
Ajouter un commentaire