Les cinq industries qui dynamisent la croissance française

Hugues Poissonnier, professeur à Grenoble école de Management et directeur de la recherche de l’Irima.L’industrie française demeure, par de nombreux aspects, moribonde. La dégradation régulière des performances à l’export, et de l’emploi dans les secteurs dits & manufacturiers” en témoigne. Des améliorations récentes de la situation dans plusieurs industries doivent pourtant inciter à l’optimisme. Les premiers mois écoulés de l’année 2016 le confirment, cinq secteurs industriels contribuent à tirer l’ensemble de l’économie française vers le haut, en raison de leur dynamisme d’une part et de leur potentiel d’entraînement d’autre part. L’impact de croissance sur le reste de l’économie diffère bien sûr d’un secteur à l’autre et se mesure notamment au travers du coefficient multiplicateur qu’il est possible d’appliquer à 1 euro de chiffre d’affaires ou d’investissement (choses très différentes) réalisé.

Le “nouveau printemps” de l’automobile

En dépit de la réduction de moitié du niveau de production depuis le début des années 2000, l’automobile française connaît aujourd’hui ce que certains spécialistes n’hésitent plus à qualifier de “nouveau printemps”. À une hausse de production de 8 % en 2015 devrait s’ajouter une nouvelle augmentation de 6 % cette année. Les plans de compétitivité signés en 2013 et les récents investissements expliquent en bonne partie cette amélioration qui se concrétise par de nouvelles embauches. Au-delà, les stratégies de partenariat avec des producteurs étrangers, sous diverses formes, se sont souvent révélées salvatrices, générant réductions de coûts et innovations bienvenues. La bonne santé des constructeurs est une excellente nouvelle pour les fournisseurs de rang 1 qui sont les acteurs les plus dynamiques de la filière, et dont la France peut se targuer d’héberger plusieurs champions (Faurecia, Valeo, Michelin…). Elle offre également une activité bienvenue pour quantité d’entreprises, plus petites, enracinées dans cette filière.

Aéronautique, agro-alimentaire, pharmacie, parfums et cosmétiques : vers de nouveaux records

L’aéronautique est une autre industrie susceptible de générer un fort effet d’entraînement. Après une réduction ponctuelle de la production de 3 % en 2015, une hausse de 4 % est attendue en 2016 au regard des commandes déjà passées. La production devrait atteindre un niveau record cette année et les augmentations devraient perdurer, largement tirées par les ventes d’A350 notamment. Autre industrie capable d’entretenir une croissance globale, mais dans une proportion moindre, l’agro-alimentaire parvient à surmonter une concurrence accrue. La hausse attendue de 1,2 % de la production devrait permettre de dépasser le record historique de 2011. Les parfums et cosmétiques devraient également atteindre un chiffre d’affaires record, en hausse de 5 % par rapport à 2015. Enfin, la pharmacie, qui fait vivre nombre d’entreprises, pourrait connaître une hausse de chiffre d’affaires de 2 % grâce, en grande partie, aux exportations. Ces quelques chiffres témoignent des fortunes diverses que connaissent nos industries, et donc de la pertinence très relative des analyses portant sur l’industrie française en général. Ils confirment que des stratégies ambitieuses d’investissement et d’embauche – c’est une caractéristique des cinq industries mentionnées – se révèlent à la fois possibles et pertinentes.