Le CHU Grenoble Alpes entame une rénovation historique
Avec un plan d’investissement de près de 900 M€ entre 2025 et 2035, la transformation complète du CHU Grenoble Alpes démarre. Une double ambition est poursuivie : adapter l’offre de soins aux nouveaux besoins de santé, et améliorer les conditions d’accueil des patients et de travail des professionnels de santé.

Le diagnostic est sévère. Construit en 1972, l’hôpital Michallon, qui concentre les plateaux techniques du CHU Grenoble Alpes et 72 % de son activité globale, n’est plus en mesure de répondre aux exigences des patients et des conditions d’exercice des soignants. Nombre limité de chambres individuelles, absence de douches privatives, croisement de flux dans les 15 étages entre visiteurs, équipes de soins, patients, non-conformité de la sécurité incendie… « C’était toute l’activité et nos schémas de fonctionnement anciens qui devaient être revus pour repenser notre organisation. Avec une difficulté majeure : conduire une rénovation complète en site occupé, d’où ce calendrier très progressif », retrace Monique Sorrentino, directrice générale du CHU Grenoble Alpes. Issu d’une large consultation auprès des communautés médicale et hospitalière, le projet médico-soignant du CHU a nécessité de reconcevoir le site. Son volet immobilier a été validé par l’État, via le comité de pilotage à l’investissement sanitaire et le secrétariat général pour l’investissement, en février 2025.
Un investissement inscrit au Ségur de la Santé
Ce projet immobilier, d’un montant de 294 M€, se déroulera en quatre grandes étapes :
- Opérations préalables entre 2023 et 2027 (23 M€) : extension du service de radiothérapie, doté d’équipements technologiques de pointe pour des traitements innovants contre le cancer ; relocalisation du Samu-Smur sur la parcelle de l’ancien héliport avec construction d’un bâtiment de 4 100 m2 dédié aux urgences ; déplacement du parking des professionnels pour libérer la surface au sol et réalisation d’un parking de 800 places à étages, sur la parcelle de l’ancien Crous.
- Phase 1, entre 2027 et 2030 (175 M€) : construction d’un nouveau bâtiment de soins sur sept niveaux, regroupant les activités ambulatoires sur les deux premiers étages, et des unités d’hospitalisation conçues pour améliorer la prise en charge des patients (50 % de la capacité actuelle de Michallon).
- Phase 2, entre 2029 et 2032 (50 M€) : rénovation de l’aile Chartreuse, avec réhabilitation des unités de soins, et rénovation des locaux de tertiaire médical, de recherche et de formation du CHU.
- Phase 3, entre 2032 et 2035 (46 M€) : rénovation complète des deux ailes Belledonne jusqu’au 9e étage, avec remise à neuf totale des unités de soins.
Renforcer l’offre de soins locale
Au terme de la rénovation, le CHU Grenoble Alpes (12ème hôpital de France, 12 000 salariés, 1 353 474 venues annuelles, 1,07 Md€ de budget en 2023) proposera des équipements au meilleur standard. « Il s’agit clairement du projet le plus important mené en Auvergne Rhône-Alpes, et même quasiment en France. À chaque étape de travaux, nous ne nous interdirons pas de l’adapter pour qu’il réponde à des besoins en santé qui peuvent encore évoluer. À l’issue du projet, nous devrions même disposer d’une réserve foncière qui pourrait permettre l’installation d’équipes de recherche ou de start-up à proximité », commente Monique Sorrentino. L’investissement repose sur le soutien de l’État et de l’ARS Auvergne-Rhône-Alpes, à hauteur de 201 M€, complété par de l’autofinancement.
1,4 M€ supplémentaire pour Voiron
Le nouvel hôpital de 173 lits a ouvert en septembre 2021 (intégré au CHU Grenoble Alpes depuis janvier 2020). De nouveaux investissements sont aussi actés en 2025 et 2026 : ouverture d’un second scanner, d’un 7e bloc opératoire, création de places d’hospitalisation de jour et de lits post-urgences, et volonté de poursuivre le service d’accueil des urgences de 18 h à 20 h, puis en nocturne « dès que l’évolution des effectifs médicaux le permettra, commente Monique Sorrentino. Nous sommes ici confrontés à la difficulté de trouver des urgentistes, en situation de pénurie sur le plan national. Dans ce contexte dégradé, les équipes réalisent un travail remarquable, en lien avec la médecine de ville qui assure un service de garde performant. Sur tous les points du territoire couverts par le CHU, de Voiron à La Mure, nous sommes attachés à offrir un parcours de santé égal pour tous, et à fournir aux patients des soins de très haut niveau lorsque la situation l’impose ».
E. Ballery
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