Table avec vue : Ciel Rooftop
Une façon culinaire originale et panoramique de prendre la Bastille.
On est donc, comme l’annonce l’enseigne, au « Ciel ». Ce que confirme dès l’abord la vue exceptionnelle qui, du haut de la terrasse en rooftop de ce qui fut naguère l’Institut Dolomieu, offre un panoramique surplombant la ville et les montagnes qui l’entourent. La terrasse constitue, à cet égard, un lieu privilégié pour flemmarder devant une planche de fromages ou de charcuterie, en s’amusant à retrouver l’histoire de la cité à partir de la couleur de ses toits. Et même le soir, à l’heure où la nuit étend son ombre, pour contempler les lumières de la ville qui s’allument, en s’imaginant transporté sur quelque Mulholland Drive au-dessus de la cité des anges…
Côté cuisine, la ligne présentée par Sébastien Madina est en parfaite harmonie avec un restaurant qui a décidé de s’attaquer au flanc de la Bastille : révolutionnaire, mais modérée, portée par un esprit d’originalité qui entend proposer une cuisine différente, propre à semer joliment la surprise dans l’assiette.
Une cuisine du monde, à la française
Ayant fait ses armes auprès des meilleurs, d’Alain Ducasse à Éric Fréchon, et s’étant même frotté à des cuisines très diverses, dans des tables sud-américaines ou japonaises ou dans un très local restaurant potager, le jeune chef a choisi de valoriser cette diversité, mais en la traitant à la française. En témoigne une carte où l’on retrouve légumes, fruits, produits venus du monde entier, mais qui sont, et il y veille, cultivés désormais ici, en région même ; et qu’il accommode à des saveurs et des épices qu’il prend soin d’utiliser avec une main suffisamment légère pour piquer la curiosité plus que la gorge !
Surprise donc, et parfois aussi interrogation, devant une carte où l’on voit défiler citronnelle, gingembre, sésame, yuzu et même zaatar. Mais surprise qui se révèle plus qu’agréable dès l’entrée, devant, par exemple, un tataki d’espadon, tout rose sous sa sauce au citron vert, où passent des saveurs de cacahuètes et de coriandre parfumées de mignonnes fleurs d’agrément. Et la picanha de veau qui suit surprend plus encore : son origine brésilienne s’accommode parfaitement d’une cuisson bien française à basse température, qui donne toute leur tendreté aux généreuses tranches que relève une sauce chumichurri et qu’accompagnent quinoa roulé dans un caviar d’aubergines et courgettes jaunes, ainsi que piquillos grillés. Le dessert de pêches et d’abricots rôtis au thym sur un moelleux aux noisettes préserve jusqu’au bout la surprise et l’agrément gustatif qui va avec.
Pour l’automne qui vient, Sébastien Madina rêve de revisiter champignons des bois, fromages de montagne, truites de rivière. Et même le gibier revu à sa façon : un lièvre à la royale, par exemple, comme on n’en fait plus guère, et qu’il envisage de préparer comme on ne le fait pas. Propre à étonner ceux qui croient au Ciel, voire ceux qui n’y croient pas.
J. Serroy
+ Infos clés
- Ciel Rooftop – 17 rue Maurice-Gignoux – 38000 Grenoble
- Ouvert du mardi au samedi de 8 h 30 à 23 h, et le dimanche de 8 h 30 à 17 h
- Réservation : www.ciel-rooftop.com
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