Le restaurant du Musée de l’eau, l’eau à la bouche

La démarche peut sembler paradoxale : choisir pour restaurant un musée de… l’eau ! On aurait tort pourtant de s’en priver, non seulement au vu de l’intérêt que présente ledit musée, mais également de la carte des vins qu’offre ledit restaurant qui entend arroser son repas de façon plus classiquement colorée. Il suffit, pour s’en rendre compte, de sélectionner par exemple un blanc du domaine Mayoussier, dont les vignes sont plantées à quelques encablures de là, à Auberives-en-Royans, un viognier tout en finesse, juste sec ce qu’il faut, qui accompagne à la perfection l’esprit d’une cuisine la plus typiquement locale qui soit. Car Benoît Bontemps, le chef, est un pur enfant du pays, natif de Chatte, tout proche, formé à l’IMT de Grenoble, passé pour faire son apprentissage par les meilleures tables de la région, avant de venir prendre les rênes culinaires du restaurant accolé donc, à Pont-en-Royans, au Musée de l’eau. Ce dernier se trouve particulièrement en phase avec les enjeux écologiques et planétaires des temps. Le complexe, qui comporte aussi un hôtel, est installé dans un bâtiment aux lignes sobres, tout de terrasses et de baies vitrées, mitoyen des fameuses maisons suspendues construites au-dessus des eaux vives de la Bourne qui débouchent du Vercors. Le site à lui seul est une curiosité. Pour rester conforme à l’esprit du lieu, le chef a donc décidé de n’y servir que des produits de pays. Et cela au sens le plus strict, comme on peut s’en rendre compte dans le bien nommé menu Terroir qui, pour 26 euros, vous propose des assiettes plus que généreuses, qui changent de façon bienvenue avec les mini-portions de rigueur dans nombre de tables à gastronomie janséniste. 

L’esprit d’une cuisine la plus typiquement locale qui soit 

On commence donc avec de classiques caillettes de la Drôme, mais ici servies tièdes dans une sauce moutarde sur une odorante fricassée forestière. De même, la truite qui suit, venue d’un saut de carpe d’Échevis et de la Vernaison voisine, est saisie dans un beurre d’amandes et accompagnée d’une crémeuse portion de ravioles, du Royans, forcément. Et, pour rester dans la note du terroir, la tarte finale est aux noix, mais préparée, pour la légèreté, façon flan, et nappée d’un aérien panache de chantilly. Si l’on a quelques nouvelles envies gourmandes, deux autres formules (à 32 et 41 euros) y ajoutent un plateau de fromages (où domine, forcément là aussi, le saint-marcellin) et toute une série de suggestions, de la tarte croustillante des sous-bois, qui assortit les trompettes de la mort de châtaignes et de lardons, à la cuisse de canette relevée à la moutarde et parfumée au thym. Et, pour faire glisser le tout, dans un large assortiment de glaces artisanales élaborées à la ferme voisine avec le lait de ses 35 vaches, on peut s’arrêter à une coupe mêlant framboises du jardin et verveine citronnée : elle s’appelle Vercors. Forcément… 

Jean Serroy

Infos clés

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