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Présences Grenoble
Ils font l'actu — Le 28 janvier 2021

Crise sanitaire : le monde économique ne cède pas

La crise du Covid continue de laisser des traces. Si les situations diffèrent suivant les secteurs, le sentiment de lassitude gagne les chefs d’entreprise. Pour les secteurs les plus durement touchés, l’espoir d’un avenir meilleur s’amenuise de jour en jour. Comme en montagne où après avoir été douchés par les décisions gouvernementales, les professionnels espèrent à présent que les aides seront à la hauteur des pertes subies.

© Adobestock

« Incohérence, résignation, fatigue, désespérance. » Les mots des représentants du monde économique parlent d’eux-mêmes. Face à la crise sanitaire qui secoue tous les pans de la société depuis un an et bouleverse la plupart des activités économiques, le moral des dirigeants de petites, moyennes et même grandes entreprises, s’effondre. « Le raz le bol est général, constate Jean Vaylet, président de la CCI de Grenoble. Nous sommes dans un tunnel dont nous ne voyons pas le bout. » Difficile dans ces conditions de trouver les ressources suffisantes pour maintenir le cap. « Bien que 80 % de l’économie fonctionne normalement, on observe une lassitude des chefs d’entreprise face aux imprévus », complète Emmanuel Bréziat, délégué général du Medef Isère.

Toutefois, si l’élan d’optimisme qui prévalait en tout début d’année a bel et bien disparu, « les entrepreneurs s’habituent de plus en plus à la situation, note Jérôme Lopez, président de la Confédération des petites et moyennes entreprises de l’Isère. Le manque de perspective épuise moralement, mais chacun continue à avancer, s’adapte, corrige sa trajectoire. Les patrons prennent acte des décisions chaque semaine et poursuivent leur travail tant bien que mal ». Sur le territoire, certains connaissent une activité soutenue comme la distribution ou la maintenance informatique. D’autres profitent de cette période pour innover grâce aux aides du Plan de relance, recruter des apprentis - les chiffres de 2020 étant bons et identiques à 2019, se félicite le Medef - lancer de nouveaux produits, faire évoluer leur management (télétravail) ou encore former leurs collaborateurs.

Des aides au rendez-vous, mais en retard

Dans ce contexte inédit, et pour de nombreux cas, les aides accordées par l’État depuis mars 2020 ont pu soutenir l’activité, maintenir des emplois ou garantir le chômage partiel. « Le PGE a bien fonctionné, par exemple, reconnaît Emmanuel Bréziat. La majorité des fonds a été versée. Mais des retards sont constatés notamment par les plus petites entreprises dont la trésorerie est déjà fragilisée, ou également pour des cas particuliers qui n’entrent pas dans les cases des dispositifs ». « Les entrepreneurs sont plutôt satisfaits, les aides sont massives et bien là, explique Jérôme Lopez. Le retard pris par la Direction générale des finances publiques se réduit peu à peu. » Néanmoins, le président de la CPME Isère s’inquiète à la fois « du taux d’endettement des entreprises qui n’ont pas le niveau de résultats suffisant pour rembourser rapidement et des freins à l’investissement pour le futur. L’État se substitue au rôle des banques pour le court terme, mais qu’en sera-t-il demain ? Seront-elles au rendez-vous ? »

Cependant, toutes les entreprises ne sont pas logées à la même enseigne. Pour les secteurs amputés par la crise, l’inconnue est bien plus grande. À la colère se substitue aujourd’hui l’inquiétude. « Il y aura beaucoup de casse parmi nos adhérents, prévient Danièle Chavant, présidente de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie de l’Isère. Dans un questionnaire qui leur a été adressé, 38 % ne sont pas sûrs de rouvrir leur établissement. » Aux hôtels, restaurants, cinémas, salles d’événement... se sont ajoutés récemment les domaines skiables.

« Le montagnard ne renonce pas »

Avec l’interdiction d’ouvrir leurs remontées mécaniques depuis la fin de l’année dernière, les caisses des 23 stations de ski du département (123 M€ de recettes en 2019) sont désespérément vides, et la crainte d’une saison blanche est sur toutes les lèvres. D’autant plus que derrière, c’est tout un écosystème qui en subit les conséquences : hôteliers, restaurateurs, gérants de magasins de location, fabricants de matériels de ski, responsables de maintenance, saisonniers, commerces, communes... « C’est gravissime ce qui se passe, tonne Danièle Chavant. Ajoutant : Des établissements ont embauché du personnel dès le mois d’octobre, ont des charges fixes importantes, divers emprunts qu’il faut assumer, je crois que l’on ne se rend pas compte de la situation. » Si, comme le souligne Jean Vaylet, « le montagnard ne va pas abandonner malgré le coup de massue des dernières annonces », la grande inconnue réside maintenant dans le contenu et la portée des aides.

Un Plan de relance pour la montagne

Passée la douche froide, les acteurs de la montagne souhaitent désormais un accompagnement juste. « Le gouvernement doit prendre en compte les spécificités de la saisonnalité de la montagne », avance Emmanuel Bréziat. Concrètement, en temps normal, « les professionnels engrangent en trois quatre mois d’activité suffisamment de revenus pour payer les charges annuelles. Ils doivent donc percevoir les mêmes aides qu’une entreprise classique afin de pallier le manque de recette », détaille Jérôme Lopez. Dans l’attente de mesures prises, CCI France, portée par le travail de certaines chambres consulaires comme celles de l’Isère, de la Savoie et de la Haute-Savoie, demande « un Plan de relance massif pour l’écosystème de la montagne ». « Nous voulons des actions fortes. Le Plan doit permettre de sauver des milliers d’emplois et d’entreprises, de redynamiser nos stations de ski et de redonner les conditions optimales lors du redémarrage de l’activité », énumère Jean Vaylet. De plus, CCI France souhaite « un renforcement des aides pour les entreprises afin qu’elles puissent couvrir 75 % de leurs frais fixes ». Si le secteur de la montagne a montré « sa responsabilité » et « sa solidarité », il est à nouveau dans l’attente de réponses claires. Sera-t-il entendu ?
R. Charbonnier

 

Les organismes patronaux au chevet des entrepreneurs isérois
Toutes les entreprises ne sont pas égales face à la crise. Afin de répondre aux interrogations, aux inquiétudes, mais aussi pour faciliter les démarches de demandes d’aides, Medef 38, CPME 38, CCI de Grenoble et UMIH 38 ont mis en place des solutions. Du côté de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie de l’Isère, ce sont des formations en management, hygiène, restauration par exemple, qui s’adressent aux salariés et chefs d’entreprise. Pour les entrepreneurs en souffrance, la CPME 38 a de son côté réactivé une cellule d’écoute et développé un cycle de dialogue en trois séances. La CCI est quant à elle une porte d’entrée pour accompagner et guider les chefs d’entreprise vers les bonnes informations et les dossiers de financement adaptés à chaque situation. Enfin, le Medef Isère « met toute son énergie » à faire entendre la voix des patrons auprès des pouvoirs publics, et faire remonter les situations atypiques qui n’entrent dans aucun dispositif.

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