Saxol, start-up de l’année 2025

Quelle est l'origine de cette start-up fondée fin 2024 ?

Philippe Bordeau : Saxol, c'est plus d’une dizaine d'années de recherche menées au CNRS par Laurence Lafanechère et son équipe, qui voulaient renforcer l'efficacité des agents de chimiothérapies et en diminuer les effets secondaires. Laurence a ensuite rejoint le programme de maturation de Linksium, puis les équipes ont décidé de rechercher un « porteur industriel », et c’est là que nous arrivons Victor Juarez Perez et moi-même. La SATT a pris le risque de financer le projet dans le cadre d’un programme d’incubation et est aussi maintenant actionnaire de l’entreprise. À partir des travaux conduits durant la période d’incubation, nous avons décidé d’orienter le projet sur la neuroprotection afin de protéger des neuropathies périphériques, un des effets secondaires les plus fréquents provoqués par les chimiothérapies. L'aspect neuroprotecteur est bien plus intéressant pour les patients. De plus, nous nous intéressons au côté préventif, sans attendre la manifestation des effets secondaires. Il peut en résulter une meilleure observance des traitements.

La découverte de Laurence Lafanechère et son équipe trouve des applications au-delà des chimiothérapies…

Effectivement, en dehors des traitements anticancéreux, il existe encore deux autres indications majeures qui touchent beaucoup plus de personnes : le diabète et l’âge… 50 % des personnes diabétiques souffrent de neuropathies périphériques. Or, le diabète touche plus de 500 millions de personnes dans le monde. Un chiffre à mettre en perspective avec les 20 millions de patients en traitement par chimiothérapie. Il faut savoir que 10 % de la population âgée de plus de 65 ans est aussi atteinte de neuropathie périphérique, les plus de 65 ans représentant un milliard de personnes dans le monde ! Les symptômes ? Des difficultés à marcher, des pertes d'équilibre, des pertes de sensibilité, d'audition. Pour l'instant, nous nous concentrons sur les effets protecteurs vs la chimiothérapie pour réaliser notre preuve de concept. Une fois celle-ci réalisée, l'idée est de vendre une licence à un grand laboratoire pharmaceutique, puis, ensuite, de nous consacrer au développement du médicament pour le diabète et les personnes âgées.

Concrètement, où en êtes-vous aujourd'hui ? À quelle échéance peut-on espérer une mise sur le marché ?

Au mieux, dans 8 ans. Aujourd'hui, nous devons passer du laboratoire de recherche à la production de la molécule dans un établissement pharmaceutique. Il nous faut produire d’une façon répétable, caractériser ses effets, connaître ses impuretés, sa qualité, des éléments indispensables pour atteindre un niveau pharmaceutique. Puis nous devrons évaluer le produit sur l'animal avant de pouvoir le faire chez l’homme. Concrètement, nous en sommes donc au stade du développement pharmaceutique.

Quelles seront les prochaines étapes et comment comptez-vous les financer ?

Actuellement, nous sommes en cours de renforcement de nos fonds propres avec une levée de fonds et des soutiens bancaires. Fin 2026-début 2027, nous prévoyons une seconde levée de fonds entre 3 et 5 M€ pour passer à l'étape d'évaluation du produit chez l'animal. À l'horizon 2028, nous passerons alors aux études cliniques chez l'homme et là, nous aurons besoin d'une troisième et dernière levée de fonds de 10 M€ minimum. Saxol, c'est aujourd'hui une équipe de cinq personnes. Nous devrions être une dizaine fin 2028. 

Propos recueillis par F. Combier