À la bonne Guinguette : L'Artisan du goût

Lorsqu’il a pris son restaurant sur les hauteurs de Barraux, il y a de cela cinq ans, Sébastien Monsonis a dû adopter l’enseigne avec. Va donc pour La Guinguette, d’autant que l’établissement était bien connu, installé depuis plusieurs décennies dans les locaux de ce qui fut longtemps une de ces petites gares qui jalonnaient la ligne de tramway Grenoble-Chapareillan. Le local a d’ailleurs gardé sa façade ferroviaire, tout comme l’aménagement intérieur qui, resté largement dans son jus, a un petit air bistro de campagne sans chichis, et comme sa belle terrasse ouverte d’un côté sur les flancs du Granier, de l’autre sur le jeu de boules où chaque samedi les boulistes du coin viennent se défier à la lyonnaise. Ne manque à vrai dire que l’accordéon musette pour compléter le cliché.

Mais pas convaincu par l’appellation de guinguette, ni par la cuisine qu’on y sert généralement, Sébastien Monsonis, a assorti le nom originel d’un autre plus conforme à la cuisine qu’il pratique, avec un zeste de distinction qui fait toute la différence : L’Artisan du goût. Passionné par la cuisine depuis qu’enfant, dans son village des Alpilles natal, il s’initiait aux plats provençaux. Avant, tout jeune, d’aller exercer un peu partout, en ville ou en station, jusqu’à aller ouvrir son premier restaurant au… Brésil. Il aime pratiquer la restauration dans ce qu’elle a d’authentique : une qualité d’accueil qui fait du repas un vrai plaisir. Une cuisine où tout est fait maison, des produits fermiers locaux, des recettes solides qu’il revisite à sa mode, et une assiette qui a de quoi satisfaire, côté goût, les plus exigeants et côté garniture, les plus affamés. 

Frais, fruité, vraiment sympa 

Avec sa femme Annie, qui officie à la pâtisserie et à la comptabilité, il propose une ardoise qui change toutes les trois ou quatre semaines, en fonction de la saison, des produits, de l’inspiration du cuisinier. Le printemps rapportant les légumes croquants, la tartine aux légumes marinés en entrée est un régal des yeux et du palais, juste chaude ce qu’il faut avec son pesto qui lézarde sur sa tomme coulante, ses noix de Grenoble qui viennent craquer sous la dent, et son ail des ours cueilli tout à côté, dans la prairie au bout du chemin. Moins locale apparemment, la paella qui suit, dénommée « des Alpes », a pourtant un petit air de pays qui ne trompe pas : le riz est safrané au safran de Chartreuse, le filet de truite fario vient de chez Murgat à Beaufort, les escargots ont été ramassés dans les bois voisins et le chorizo est préparé doux par le maître des lieux. Comme on est gourmand, on garde une petite place finale pour une crème moka relevée au poivre de Sichuan, qu’adoucit la légèreté d’une chantilly aérienne. Et comme on est à quatre kilomètres à peine des frontières de Savoie, on se permet un chardonnay savoyard pour accompagner le tout. Il est frais, juste fruité ce qu’il faut, vraiment sympa : comme la maison. 

Jean Serroy

Annie et Sébastien Monsonis, des artisans du (bon) goût

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