Tourisme, un vent de renouveau à l’ère post-Covid ?

L’année 2022 marque un record pour l’activité touristique en France. Dans sa note de conjoncture de février dernier, Atout France estime que les recettes du tourisme international s’élèvent à près de 58 Md€, soit 1,2 Md€ de plus que 2019, dernière année de référence. Si ces bons résultats s’expliquent en partie par le niveau d’inflation, ils sont également le fait du retour de la clientèle étrangère, notamment des Belges, Allemands et Britanniques. La tendance se confirme au niveau local. Selon l’Insee, en Isère, entre avril et septembre 2022, la fréquentation touristique a progressé de 7,1 % par rapport à 2019, soit mieux encore qu’au niveau régional (+5,1 %). Au total, sur l’année 2022, avec 23 millions de nuitées touristiques, le département dépasse légèrement les chiffres de 2019, année de référence (22,5 millions de nuitées). Idem sur Grenoble Alpes avec 1,6 million de nuitées l’an dernier, contre 1,4 en 2019. Des chiffres dus aussi au retour de la clientèle d‘affaires. Mis en berne durant deux ans en raison de la crise sanitaire, les événements professionnels, séminaires, congrès, salons, ont repris en force l’an dernier. Et Grenoble Alpes est plutôt bien placée, figurant dans le top 10 des destinations de congrès en France. Sur le bassin grenoblois, la clientèle d’affaires représente 80 % des nuitées hôtelières.

Du côté de l’aéroport Grenoble Alpes Isère, les chiffres 2022 n’ont, en revanche, pas encore rattrapé ceux d’avant crise. « Plus de 191 000 passagers ont transité par chez nous en 2022, contre environ 308 000 en 2019. Les niveaux prépandémiques ne devraient pas être atteints avant 2024-2025 », annonce l’aéroport.

Grenoble, ville européenne

Depuis deux ans, Grenoble Alpes mène une stratégie active pour accroître son attractivité touristique. En février dernier, elle s’est classée 9^e (et seule ville française) dans le Top 20 des meilleures destinations européennes sur 178 participants. La labellisation de la ville comme Capitale verte européenne 2022 a joué fortement sur l’attractivité et boosté les réservations hôtelières l’an dernier. L’accueil de délégations étrangères a permis de mieux faire connaître le bassin grenoblois et ses atouts touristiques. Un coup de projecteur dont les retombées devraient perdurer dans les années à venir.

Destination nature et outdoor

Avec son positionnement unique au pied des massifs, Grenoble renvoie l’image d’une ville « grandeur nature » qui offre un panel d’activités outdoor à portée de main. Thomas Rimey-Meille, président du club hôtelier et gérant de l’hôtel 1924, ne cesse de promouvoir auprès de sa clientèle la richesse des atouts grenoblois : « En matière d’activités outdoor, nous pouvons être très attractifs en permettant à notre clientèle de vivre de réelles expériences. » Par les transports en commun, à vélo électrique ou classique et même à pied, les touristes peuvent accéder en quelques minutes à la via ferrata de la Bastille ou au fort du Saint-Eynard, pratiquer du canyoning dans le Furon, visiter les cuves de Sassenage ou bien les caves de Chartreuse…

L’Isère, terre de vélo

Le besoin d’activité physique et la recherche de bien-être, accentués par la crise sanitaire, sont des critères de plus en plus tangibles de consommation touristique. L’itinérance à vélo se déploie ainsi sur le territoire isérois, facilitée par l’accès au VAE. Traversant le département, la Belle Via, nouvellement aménagée, répond parfaitement à cette demande. Hisser le pays comme la première destination mondiale pour le tourisme durable et le vélotourisme d’ici 2030, c’est l’un des axes, ambitieux, du plan Destination France. Dans ce cadre, l’Ademe a lancé, en novembre dernier, le programme « Développer le vélotourisme », en partenariat avec Vélo & Territoire et ADN Tourisme. Doté d’un budget de près de 6,5 M€, il vise à améliorer la pratique du tourisme à vélo et s’adresse aussi bien aux hébergeurs, restaurateurs, loueurs, qu’aux tiers lieux, établissements sportifs ou thermaux, parcs naturels. La région grenobloise compte cinq établissements labellisés Accueil Vélo : l’hôtel Le Néron (Fontanil), Kosy Appart’Hôtels, Le Hüb, Le Mercure Grenoble Centre Président et Okko Hôtels, à Grenoble.

Un tourisme durable et responsable

Points forts du territoire : la proximité avec la nature sur laquelle misent les acteurs du secteur. « Le green et le slow tourisme, la recherche d’une offre très identitaire et porteuse de sens font partie des nouvelles attentes des consommateurs », constate Cyril Laïly, directeur de l’agence Grenoble Alpes. La pratique d’un tourisme durable, écoresponsable est une tendance émergente également identifiée par Auvergne-Rhône-Alpes Tourisme. Selon France Montagne, 75 % des clients montagne jugent le critère environnemental comme un élément important pour le choix d’un séjour. Des hébergeurs et restaurateurs se mettent ainsi au vert. Le label Clef Verte France est le premier label de tourisme durable international. Il récompense les établissements qui s’engagent dans une démarche environnementale performante.

En Isère, l’Umih les accompagne avec le soutien financier d’Isère Attractivité et de Grenoble Alpes Métropole. En 2022, dix établissements isérois ont reçu cette distinction : la Bastille, Okko Hotels, L’Hôtel d’Angleterre, Chez le Pèr’Gras et Le Hüb, à Grenoble, l’hôtel-restaurant PoMo, à Échirolles, l’hôtel Le Néron Logis, au Fontanil, la Maison de la pizza Sana, à Saint-Martin-le-Vinoux, l’hôtel Les Mésanges à Uriage, Moods Hôtel à Pont-Evêque, et le Chalet Mounier aux Deux-Alpes. « Ce label répond à une demande croissante des clients qui souhaitent réduire leur impact environnemental et affirmer leur responsabilité sociale lors de leurs déplacements personnels et professionnels », précise l’Umih.

Comme le souligne Auvergne-Rhône-Alpes Tourisme dans son étude sur les tendances touristiques en 2023, la crise énergétique et économique a accéléré certaines évolutions : la recherche de sobriété avec l’utilisation de transports doux, le choix d’hébergements durables, des séjours plus courts, de proximité. Ainsi, 68 % des Français souhaitent privilégier des vacances plus courtes, mais déconnectées du travail.

De nouveaux lieux mixant loisirs et travail

Paradoxalement, une autre tendance est relevée par Cyril Laïly : « Les temps de la vie, à savoir le travail, les loisirs, la famille, l’engagement solidaire, sont amenés à éclater. Nous travaillons en vacances, nous pratiquons des loisirs entre midi et deux… » Cette imbrication des temps de détente et de travail amène au déploiement de concepts hybrides mêlant coliving et coworking. À Grenoble, deux établissements ont ouvert en l’espace de quelques mois pour s’aligner sur ces nouvelles attentes : Cowool et The Babel Community. Les espaces de coworking accueillent ainsi un autre public, des salariés en télétravail, en quête de lieux de convivialité et d’échanges.

L’envie de se retrouver, de recréer une cohésion d’équipe après les confinements et le travail à distance a par ailleurs boosté l’activité des loisirs indoor. L’agglomération grenobloise compte pas moins de 23 structures : escape games, laser games, salles de réalité virtuelle, bowling et même salles de lancer de haches… Dans le cadre de séminaires, en afterwork, ou tout simplement en famille ou entre amis, les loisirs indoor répondent aux attentes d’une clientèle à la recherche d’évasion, d’expériences immersives facilitant la cohésion… à deux pas de chez soi. Autant de nouvelles aspirations que la région grenobloise est en mesure de satisfaire.

F. Combier

Source : Isère Attractivité