Les consommateurs boudent encore la voiture électrique

À Grenoble-Eybens, la concession Citroën/DS du groupe Autobernard (CA 2024 : 50 M€, 65 salariés) éprouve quelques difficultés à développer ses ventes de voitures électriques. Selon son directeur Charles Bazart, actuellement, ces véhicules « grimpent rarement à plus de 10 ou 15 % du volume des ventes mensuelles, au gré des animations proposées dans la concession. » Il faut dire que les freins au développement de l’électrique sont nombreux et n’encouragent pas le consommateur – rebuté par les prix de plus en plus bas, mais toujours supérieurs aux motorisations thermiques ou hybrides et perdu dans un contexte législatif brumeux. « Le leasing social a été une bonne chose, il a été supprimé pour revenir ce mois de septembre, mais il reste plus limité. » Charles Bazart énumère d’autres raisons et tout d’abord la nouveauté : « Parce que nous sommes au début de l’ère électrique, l’évolution des modèles est très rapide, notamment en matière d’autonomie. D’où une obsolescence tout aussi rapide des premières générations, comme la première Zoé par exemple. » Solution : louer plutôt qu’acheter son véhicule, mais les LOA impliquent également un nouvel état d’esprit. L’autonomie des batteries sème encore le doute : « Le véhicule électrique pâtit d’une autonomie réelle qui reste liée au mode de conduite et à la vitesse. Ceux qui permettent de faire 400 kilomètres en ville ne rouleront pas plus de 200 kilomètres à 130 km/h sur autoroute. » Et trouver des points de recharge demeure compliqué : « Beaucoup de personnes vivent en appartement, sans box, et n’ont donc pas la possibilité de recharger leur véhicule. Contrairement à l’habitat pavillonnaire, où l’on installe des Green'Up. » Enfin, certains usagers s’interrogent aussi sur la véritable empreinte écologique des voitures zéro émission, sur leur sécurité en cas d’accident (« une batterie qui s’enflamme est difficile à éteindre »), et maintenant sur la suppression des zones à faibles émissions (ZFE), qui crée « un sentiment d’injustice parmi les plus récents possesseurs ».
Chez Citroën/DS, les véhicules hybrides conservent donc la pole position des ventes et de très loin, avec la C3 en haut du podium. « Quant au diesel, il n’est pas mort ! Une demande se maintient sur le marché de l’occasion grâce à ces retours en arrière de la législation », confirme Charles Bazart. Dans les nouvelles motorisations, c’est l’hybride non rechargeable qui permet de moins consommer d’essence sans avoir la corvée de la recharge, qui rassure alors les consommateurs. Et les jeunes urbains pourraient modifier la donne. Accessible dès l’âge de 14 ans, le quadricycle électrique AMI tend à remplacer astucieusement le scooter : « Minimaliste, mais pratique et ne nécessitant qu’une prise électrique, il voit aujourd’hui ses ventes décoller. » Enfin, le succès de la DS 8, sortie en mai dernier, montre l’existence d’une demande pour les véhicules électriques haut de gamme : « Zéro bruit, freinage sans pédale jusqu’à l’arrêt : elle offre un confort exceptionnel. Avec son système musical Focal, elle procure une expérience de conduite incomparable. » Compter tout de même sur des tarifs allant 60 k€ à 80 k€ pour ce véritable bijou.
R. Gonzalez
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