Café Andry : dans l’art du temps…
Une atmosphère élégante et arty, une cuisine au diapason
C’est toujours au 5, et toujours au musée. Et comme le musée lui-même accueille, avec Sébastien Gokalp, un nouveau directeur pour succéder à Guy Tosatto, le restaurant change lui aussi de direction et d’enseigne. Et sinon d’âme, tout au moins d’esprit. Le décor le dit bien, qui a remisé le côté joliment bohème de son prédécesseur, avec ses cartes de géographie murales, ses vieilles unes de Charlie Hebdo et ses banquettes chinées au musée Jacquemart-André, pour offrir un look nettement plus contemporain, tout en lignes géométriques et en tonalités noir et gris, sobre sans être froid, élégant sans être guindé. Cela dégage un parfum de modernité bien en accord, comme son nouveau nom le suggère, avec l’esprit qu’Andry-Farcy avait su donner au musée lui-même, et que le nouveau gérant des lieux – Alban Sauce et son groupe Mixlab – veut mettre en avant. En même temps qu’il entend privilégier une cuisine à tendance végétale, bien dans l’air écolo et circuit court, du temps.
En matière d’esprit contemporain, la nouvelle direction connaît d’ailleurs parfaitement la musique, pour avoir déjà accompagné culinairement une autre structure culturelle, La Belle Électrique. En avant donc pour un nouveau lieu qui se veut à la fois conservateur et novateur, festif et solidement pro.
Conservateur comme Andry, et moderne comme lui
Le parti pris, aux fourneaux, par le chef Alexandre Bonnel en donne le ton. Passé par l’IMT de Grenoble et La Corne d’or – avec un détour, histoire de se faire une idée de la cuisine orientale, par Singapour –, il développe une carte qui fait la part belle aux produits de saison et aux producteurs de terroir.
Les légumes y tiennent le devant de la scène, comme ce plat parfaitement végétarien de légumes d’hiver en différentes façons, relevé d’une émulsion aux épices et couronné d’un œuf mollet. Mais ni le poisson ni la viande ne sont oubliés, comme on a pu s’en rendre compte, en commençant par une jolie fleur de pétales de truite (pêchée en nord-Isère), marinée et agrémentée de radis colorés, de crème montée et de croûtons croustillants, qu’on a fait suivre par une copieuse pièce de bœuf grillée à la plancha, doucement pimentée au chimichurri d’Uruguay sur des pommes grenailles rôties et une originale crème de betteraves rouges. Et pour parfaire le tout, délaissant pour finir le gâteau au marron à la crème de courge et la poire pochée au caramel fleur d’oranger, on a opté pour l’onctuosité chocolatée d’une ganache crémeuse et de ses noix torréfiées, avec l’arrière-pointe salée d’un gel de bière locale. Le tout arrosé de deux verres, l’un blanc sec, l’autre rouge léger, de ce vin du Languedoc joliment qualifié de « Poivre d’âne ». Un petit côté piquant bien dans le ton d’un restaurant qui joue d’emblée, sans fausse note, la petite musique arty qu’on attendait.
Jean Serroy
Infos clés
Café Andry
5 place de Lavalette – 38000 Grenoble
Ouvert de 10 h à 18 h 30 le lundi, le mercredi et le dimanche, et de 10 h à minuit le jeudi, le vendredi et le samedi
04 76 25 80 26
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