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Le Sud-Isère s’ouvre au tourisme de savoir-faire

L’année 2025 marque le centenaire de l’Exposition internationale de la houille blanche. Autour de cet anniversaire, ce sont des territoires, des acteurs touristiques, des entreprises qui font revivre cette épopée et une excellence toujours reconnue comme stratégique. Quels en sont les enjeux ? Plus largement, quels sont ces domaines d’activités qui s’ouvrent au tourisme industriel ou de savoir-faire ?

La Tour Perret © P. Jayet

Emmaillotée dans les bandages de sa cure de jouvence, la tour Perret prépare son centenaire. Relique en « or gris » de l’Exposition internationale de la houille blanche et du tourisme de 1925, le monument témoigne de l’histoire industrielle du territoire, grandement axée sur l’hydroélectricité. La tour Perret était fermée au public depuis 1960, pour des raisons de sécurité. Elle rouvrira « dans quelques mois », entièrement restaurée, pour devenir une nouvelle sensation touristique pour Grenoble. Il sera ainsi possible de monter, à pied ou par l’ascenseur (d’origine et lui aussi rénové), jusqu’à son sommet pour contempler, à près de 90 mètres du sol, la ville dans son berceau alpin. L’investissement, de plus de 15 M€, est financé par l’ensemble des collectivités territoriales. La Ville de Grenoble a également fait le choix d’une opération de souscription populaire et de mécénat pour rassembler tous les publics autour de l’événement. 

Une maquette des machines 

L’ambitieux chantier, qui fait appel à des compétences spécifiques exigées tant par l’originalité architecturale de l’édifice que par son état de vétusté, offre l’occasion d’un réaménagement d’une partie du parc Paul-Mistral. Au pied de la tour a en effet été construite une aire de jeux monumentale sur le thème de l’hydroélectricité. Mécène tant financier que de compétences, le groupe GEG, producteur et fournisseur d’énergie historique à Grenoble depuis bientôt 160 ans, a imaginé avec l’équipe projet de la municipalité l’installation d’une fresque de médiation scientifique sur la « houille blanche » dans un environnement reproduisant les salles de machines des usines hydroélectriques, turbine Pelton comprise. « Un tiers de notre production d’énergie renouvelable provient de l’hydroélectricité. Il nous paraît donc important d’être partenaires de ce formidable projet pour Grenoble et ses habitants », précise Christine Gochard, présidente de GEG (450 salariés, 160 000 clients).

Le plein d’événements hydro

C’est bien toute une industrie, celle de l’hydroélectricité, que la restauration de la tour Perret éclaire. L’association Hydro 21, qui fédère un réseau de plus de 110 acteurs de la filière de la région AURA, est sur tous les fronts en cette année de centenaire. Jusqu’en octobre prochain, elle organise précisément une centaine d’événements, « autant de rendez-vous clés pour valoriser le patrimoine industriel hydraulique et le rôle majeur de cette énergie renouvelable dans notre mix énergétique d’ici 2050 », selon son président Roland Vidil. Au menu : spectacles tous publics, expositions, conférences et visites guidées de sites emblématiques, en partenariat avec la Métropole de Grenoble, le Département de l’Isère, Le Grésivaudan et la Communauté de communes de l’Oisans. Où il sera possible de visiter des centrales telles que celles de Tencin, de Laval-en-Belledonne, de Gavet et de s’informer sur place de la centrale EDF du lac du Sautet. Le musée d’Allevard présente quant à lui, jusqu’au 2 novembre, une expo photographique sur l’hydroélectricité de la vallée du Haut-Bréda. Les cent ans de l’Exposition internationale coïncident avec la dixième édition de Business Hydro, rendez-vous majeur de l’industrie hydroélectrique, qui prévoit plus de 200 exposants à Alpexpo et 3 000 participants, les 14 et 15 octobre prochains.

Cette industrie de la « houille blanche », plus que jamais indispensable pour une énergie verte, fait rejaillir l’importance de l’eau dans notre département. « L’eau, précieuse ressource, se transforme en neige, proposant alors un cadre idyllique pour les montagnes et les activités de ski. Parallèlement, elle est une alliée incontournable dans la production d’énergie hydroélectrique, contribuant ainsi à un équilibre essentiel entre développement économique et respect de l’environnement », reprend Roland Vidil. Par la création de retenues, l’hydroélectricité a également façonné les paysages du Sud-Isère. Évasant le lit du Drac, les lacs de Monteynard et du Sautet offrent des ambiances nuancées, propices aux sports aquatiques et à la contemplation au gré de leurs rivages. Un espace de 60 m2 au-dessus du vertigineux belvédère du Monteynard permet de découvrir les activités d’EDF le long de la vallée du Drac. En juillet et août, l’espace Odyssélec de la centrale du Sautet, à Pellafol, expose au public le fonctionnement du barrage, la diversité des métiers qu’il abrite, à conforter pour l’avenir, et le patrimoine de l’industrie hydroélectrique de la région alpine.

Un label pour flécher le patrimoine

« Les sites patrimoniaux dédiés à l’industrie ne sont pas nombreux en France. En Isère, en revanche, ils participent pleinement à la culture industrielle et à la sensibilisation aux savoir-faire techniques, en particulier liés à nos territoires de montagne », témoigne Patrick Curtaud. Le vice-président à la culture et au patrimoine du Département de l’Isère évoque les musées départementaux, notamment le musée Bourgoin-Jallieu consacré au textile, ainsi que la Maison Bergès – musée de la Houille blanche à Villard-Bonnot. L’ancienne demeure familiale de l’ingénieur industriel fera d’ailleurs l’objet d’un programme d’agrandissement à partir de 2028, pour accueillir le public dans des conditions optimisées. « Durant ce temps, les œuvres seront provisoirement transférées dans les différents musées du Département », confie Patrick Curtaud. Une manière de diffuser l’âme d’Aristide Bergès et la culture industrielle qu’il a impulsée un peu partout en Isère. Le Département anime ce territoire d’histoire et de savoir-faire en attribuant le label Patrimoine en Isère à plus d’une centaine de sites non protégés au titre des monuments historiques. Nombre d’entre eux éclairent le public sur la culture industrielle du département : le four à griller des anciennes forges d’Allevard, le haut-fourneau de Marcieu à Saint-Vincent-de-Mercuze, le site minier du Villaret à Susville ou encore le musée Arhome de l’innovation industrielle, de l’entreprise ARaymond. 

Des savoir-faire reconnus à l’échelle nationale 

Cette volonté de transmettre fait éclore de nouveaux projets territoriaux. La Communauté de communes du Trièves a tracé sa route des Savoir-Faire, un parcours de rencontres au fil de villages authentiques dans un cadre naturel saisissant. Près d’une trentaine d’artisans, producteurs et autres sites culturels ouvrent leurs portes au public : visites, dégustations, ateliers d’initiation et démonstrations de gestes anciens voués à la postérité. Comme ceux de Jérémy Roger, taillandier à Clelles, qui a participé à la réalisation des haches forgées pour la reconstruction de Notre-Dame-de-Paris. Ses haches, similaires à celles qu’on fabriquait dès le XIIe siècle, ont servi à l’équarrissage des grumes de chênes transformés ainsi en nouvelle charpente. Certains de ces sites figurent aussi au programme des organisateurs d’événements d’entreprises. La distillerie de whisky bio du Domaine des Hautes-Glaces, à Cornillon-en-Trièves, propose elle-même sa grange rénovée pour les séminaires, tout en invitant les participants à découvrir quelques secrets de fabrication. Des initiatives en cours de floraison pour mieux saisir l’aventure humaine dans l’histoire de ses métiers et de ses techniques. Considérée comme une « exception culturelle française », la filière du tourisme industriel et patrimonial a attiré 1,7 million de visiteurs dans plus de 400 entreprises en Auvergne-Rhône-Alpes*. À quand, en Isère, un itinéraire culinaire pour rappeler que le patrimoine de notre département se découvre aussi du bout de la langue ? Le guide Michelin vient d’étoiler deux chefs du Vercors : Guillaume Monjuré (Le Palégrié chez l’Henri, à Méaudre) et Ludovic Nardozza (Astérales, à Corrençon-en-Vercors). De quoi inspirer l’idée d’une route gastronomique, à paver de gourmandes intentions !

R. Gonzalez

*Source : Entreprise et Découverte, 2024

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