Aller au contenu principal

Le tourisme d’affaires prend des couleurs et de la hauteur

En voie de diversification touristique, la région grenobloise et ses massifs explorent de nouveaux territoires : au-delà de la saison hivernale, les propositions touristiques s’étoffent tout au long de l’année, misant sur les atouts offerts par le cadre métropolitain ou les grands espaces naturels. Des offres segmentées s’imposent désormais, faisant apparaître des filières aux côtés des activités sportives ou toute nature. Quelles retombées obtenues et attendues pour les acteurs du tourisme d'affaires ?

Plateau vue aérienne @ F. Pattou - Matheysine tourisme

En combinant innovation, identité cosmopolite, engagement environnemental, infrastructures modernes et qualité de vie, la métropole grenobloise est en capacité d’accueillir des événements professionnels de toutes tailles. L’offre des deux équipements d’envergure historiques, à savoir le World Trade Center (auditorium, espace de réception, 12 salles de réunion) connecté au quartier d’affaires Europole et à la gare SNCF, et le parc événementiel Alpexpo (incluant l’espace 1968, le parc des expositions, le Summum et le tout nouvel Auditorium de 1 500 à 2 000 places, dont 900 en gradins), est complétée par de nombreux hôtels disposant de salles de séminaires. La dynamique d’affaires est aussi portée par des projets atypiques, comme le récent Rockypop au centre-ville et, sur l’écoquartier de la Presqu’île, le tout prochain People Connect. Ce tiers-lieu business et bien-être de près de 13 000 m2 intègre un hôtel 4 étoiles de 103 clés, un espace séminaires-événementiel et des bureaux à la location, pour une ouverture prévue au premier trimestre 2026. Le mouvement s’amplifie en outre sur les pentes de la Bastille, en partie entretenues par des moutons, où The Babel Community s’active depuis septembre dernier à rénover le bâtiment de l’Institut de géographie alpine pour louer, dans l’année à venir, une centaine de logements aux jeunes actifs et visiteurs en séminaires résidentiels. Le projet, qui prévoit une piscine en toiture, s’inscrit dans la continuité de la requalification de l’institut Dolomieu qui le jouxte. Cette opération, également gérée par The Babel Community, propose depuis 2023, en plus de 137 appartements, un espace de coworking et un restaurant avec vue imprenable sur la ville et les massifs. Autant de logements qui viennent s’ajouter aux quelque 5 000 chambres des hôtels et résidences de la métropole, dont la moitié en trois ou quatre étoiles. 

Des synergies en bonne voie 

Secteur clé de l’économie locale, le tourisme d’affaires représente plus de 70 % des nuitées dans l’agglomération grenobloise. Son observatoire est en cours de construction, sous l’égide de Grenoble Alpes Métropole, du Club hôtelier Grenoble Alpes Dauphiné et du Convention Bureau (ex-Bureau des congrès). La cellule permettra d’en mesurer plus finement les retombées économiques et de suivre de près l’évolution des comportements des visiteurs professionnels et de congrès. Les grandes tendances post-Covid sont déjà scrutées par le club MICE du Convention Bureau. Fait saillant, la demande de séminaires d’entreprises intra-muros marque le pas au profit de destinations plus proches de la nature et de nos montagnes. « Les entreprises cherchent à mettre en cohérence séances de travail et activités incentives en plein air, et en cela, les massifs constituent un formidable terrain de jeux », explique-t-on.

L’un des objectifs stratégiques du territoire consiste donc à trouver des passerelles entre la ville et la montagne. Le GPass, mis en place par Grenoble Alpes Tourisme pour faciliter les déplacements des visiteurs à travers l’agglo, est désormais décliné en quatre formules. Grâce à l’extension du périmètre du SMMAG (le Syndicat mixte des mobilités de l’aire grenobloise), une version « montagne » permet depuis l’an passé d’accéder aux massifs environnants à moindre coût. Un premier outil qui préfigure des actions de promotion plus poussées en synergie avec les territoires extra-urbains, jusqu’à la Matheysine. 

Un Vercors déjà en ordre de marche

Parce qu’il va falloir accompagner cette tendance de fond : les entreprises font comme le grand public, elles prennent de l’altitude pour s’oxygéner les neurones. Sensibles à la question de la durabilité, elles s’imprègnent dans les massifs alentour du décor qui formalise leur engagement RSE. À 1 100 mètres d’altitude en moyenne, les reliefs doux et boisés du Vercors offrent aux séminaires et sessions de team building des perspectives inspirantes. Le massif est déjà équipé de salles de capacité relativement élevée : jusqu’à 400 personnes dans l’Escandille à Autrans-Méaudre et 200 personnes dans l’ancien cinéma Rex de Villard-de-Lans. Hors de ces deux pôles événementiels, le plateau fourmille d’hôtels et d’auberges qui fleurent bon les pâturages et le feu de bois. Le Club hôtelier du Vercors compte à ce jour une vingtaine d’hôtels adhérents. Des établissements à taille humaine : ils proposent 10 à 25 chambres pour la quasi-totalité d’entre eux (seul le Grand Hôtel de Paris, à Villard-de-Lans, en gère 40).

Les plus petits établissements privatisent l’intégralité de leurs espaces pour recevoir les groupes de travail. Chacun s’est mis en ordre de marche pour offrir des activités en lien avec les acteurs du plateau : une demi-journée de randonnée en forêt, en VTT électrique ou encore d’initiation au biathlon. « C’est notre chance d’avoir des activités pour tous les niveaux, des débutants aux plus aguerris », pointe Cyril Vantard, patron de l’hôtel La Buffe à Autrans-Méaudre et président du Club hôtelier du Vercors. Même si certaines pratiques requièrent une préparation spécifique, telles que la spéléologie et les randonnées sportives, il n’est pas nécessaire d’être expérimenté pour démarrer.

L’irrégularité de l’activité touristique du Vercors, soumise à un enneigement plus aléatoire, exige de devenir plus performant l’été et en début d’automne notamment. Le tourisme d’affaires représente alors un segment à exploiter, car il permet de « combler » les intersaisons. « Les entreprises constituent une clientèle en forte croissance ces trois dernières années. Nos efforts de promotion portent leurs fruits », indique Valériane Jannet, responsable tourisme à la Communauté de communes du massif du Vercors. Le territoire répond à leurs attentes d’activités sportives en milieu naturel et de produits en circuit court : des arguments qui coïncident avec les besoins d’image des entreprises et l’envie même des salariés. Réussir sa diversification dans le tourisme d’affaires est d’autant plus stratégique ici qu’il constitue un effet levier pour le tourisme d’agrément. Y a-t-il meilleur ambassadeur du Vercors qu’un collaborateur ou un visiteur business après une journée de team building dans les sapins ? « Souvent des personnes qui étaient en séminaire chez nous reviennent plus tard avec leurs familles, quand elles ne décident pas de prolonger leur séjour. » 

Une mosaïque d’ambiances et d’équipements diversifiés

Les autres massifs ont bien saisi l’enjeu. En Chartreuse, le Domaine de Rozan, qui a ouvert au col de Porte en 2023, a pour ambition d’attirer des groupes et en particulier les entreprises pour leurs réunions de travail et renforcer la cohésion de leurs équipes : une salle de 150 m2 équipée haut de gamme, des activités sportives et de loisirs encadrées, des espaces conviviaux et différents types d’hébergement. La résidence-restaurant Les Trois Sommets, tout près de là, a été totalement requalifiée. Elle propose hébergement, cuisine locale, salles de séminaire, mais également espace bien-être et activités outdoor à la carte, assurées notamment par les spécialistes montagne de l’École de Porte. Dans le massif de Belledonne, c’est surtout la station de Chamrousse qui joue la carte de proximité avec Grenoble, dans un cadre alpin propice à l’évasion. Plusieurs prestataires garantissent une offre étendue d’ambiances et d’activités : Chamrousse Oxygène, GTR Mountain, Les Villages du Bachat et des établissements hôteliers comme l’Auberge du Virage qui dispose d’une salle pouvant accueillir 40 personnes. 

Évasion et même déconnexion 

Même plus éloignés de l’agglomération, les territoires du Sud-Isère prennent la mesure de l’importance du tourisme d’affaires. Notamment la Matheysine, forte de ses 43 communes étagées entre 700 et plus de 3 500 mètres d’altitude. « Nous nous attelons à créer une vraie dynamique touristique tout au long de l’année, en misant sur des paysages très variés dont peuvent aussi tirer profit les entreprises. Sans chercher à faire dans la quantité : nous voulons d’abord les accueillir au mieux », clame Arnaud Chattard, vice-président délégué au tourisme et à l'attractivité de la Communauté de communes. Le pays de La Mure, soucieux de déconstruire son ancienne image, souhaite tout autant capitaliser sur son histoire industrielle que sur ses panoramas à 360° pour inspirer l’organisation de séminaires. La Gare du Temps aménagée l’an passé à l’arrivée du petit train de La Mure en est le symbole. Elle propose des espaces de travail collaboratif pour les entrepreneurs et les salariés au premier étage, et des salles de réunion et de formation pouvant accueillir jusqu’à 30 personnes au deuxième. La Matheysine peut même se targuer d’avoir son agence de voyages spécialisée dans les séminaires sur mesure : Savel Terre d’Évasion, sur les rives du lac de Monteynard, agrège hébergement, activités sportives et de loisirs et restauration en faisant appel aux professionnels locaux. Elle embarque par exemple les collaborateurs sur La Mira. Le bateau dispose d’une salle de réunion pouvant accueillir jusqu’à 60 personnes. En cas de mal de mer, un espace modulable pour 10 à 40 convives, au sein même du camping de Mayres-Savel, est arrimé au cœur d’une nature intacte. L’authenticité, maître-mot du Sud-Isère où les entreprises débranchent même leurs téléphones portables : à Lavaldens, le refuge de Rivobruenti se mérite ! Des entreprises comme Décathlon ou La Poste sont déjà venues en séminaire dans cette demeure typiquement alpestre, dans un bout de vallée (celle de la Roizonne) qu’aucun opérateur mobile ne couvre, à une quarantaine de minutes de marche. « Les dirigeants ont compris qu’ici, personne ne peut se laisser distraire, on réapprend à s’écouter », confie Arnaud Chattard. 

©L.Thiodet
Le tourisme cultuel offre aussi une passerelle au tourisme d’affaires. Second lieu de pèlerinage en France après Lourdes (près de 100 000 visiteurs par an), Notre-Dame-de-la-Salette, à 1 800 mètres d’altitude, accueille régulièrement des entreprises, notamment en séminaire résidentiel. Elles profitent ici d’une quiétude absolue dans l’une des salles équipées (dont une de plus de 400 places), ainsi que de tous les services de l’hôtel-restaurant du sanctuaire © L.Thiodet

 

La petite reine prend du galon 

Autant que les espaces retirés, l’environnement aquatique inspire ! Si le Trièves à l’ouest et la Matheysine se partagent le lac de Monteynard, c’est sur les rives d’un autre plan d’eau tout aussi mythique qu’est née Naturavélo. Cette entreprise créée il y a quinze ans au bord du lac de Paladru par des moniteurs de vélo s’est surtout développée dans l’apprentissage. « Avec plus de 350 engins de tous styles, nous disposons du plus grand parc de vélos de la région Rhône-Alpes », affirme Antoine Bussier, directeur adjoint de Naturavélo (CA 2024 : 2 M€, 23 personnes). Elle se tourne depuis quelques années vers les entreprises, en déroulant tout un éventail d’animations autour du vélo à assistance électrique. Formule reine, une chasse au trésor gastronomique ponctuée de quiz pouvant être organisée « n’importe où dans la région Rhône-Alpes », et une fois sur cinq autour du lac de Paladru. Naturavélo propose aussi des balades guidées thématiques, une prise de la Bastille depuis Grenoble pour déjeuner Chez le Pèr’Gras… Et même l’ascension légendaire des 21 lacets de l’Alpe d’Huez, « accessibles à tous grâce à l’assistance électrique, chacun à son rythme » ! L’entreprise anime aujourd’hui les activités ludiques et sportives d’une trentaine de séminaires par an : « Nous croyons que le vélo apporte une cohésion originale et correspond à l’image que les sociétés recherchent à l’heure actuelle. La progression de la demande ces dernières années conforte notre positionnement ! » Ce grand virage vers le vélo bénéficie d’ailleurs du soutien du Département de l’Isère. Depuis 2020, il a formalisé sa stratégie opérationnelle en faveur de la pratique cyclable. Précieux point d’appui au développement du tourisme, l’agence départementale Isère Attractivité est chargée de positionner l’Isère comme une « terre de vélo ». À l’image du projet La Belle Via, qui emmène les cyclistes, débutants comme chevronnés, au fil de l’eau qui descend de nos chères montagnes. Pour hisser l’activité touristique du Sud-Isère vers de nouveaux sommets, où ville et montagne participent d’une même identité ?

R. Gonzalez

Infos clés

Durée des séjours tourisme d’affaires 2024 sur l’agglomération :
1 jour : 48 %
2-3 jours : 44 %
4 jours et plus : 8 %

600 prestataires interviennent dans le tourisme d’affaires

5 000 chambres d’hôtels, dont la moitié en 3 et 4 étoiles et une quinzaine d’établissements labellisés Clef Verte en 2025

90 % des hôtels desservis par le tramway

3 centres de congrès pour des événements susceptibles d’accueillir jusqu’à 3 000 personnes

En 2024, le Convention Bureau a accompagné 375 projets ( - 12 % / 2023) dont 313 nouveaux projets ( - 15 % / 2023), répartis ainsi :
61 % : séminaires, workshops et incentive
17 % : congrès, colloques, conférences
15 % : autres
4 % : conventions, AG, CA
3 % : salons, événements promotionnels et formations

Source : Convention Bureau – Agence Grenoble Alpes
 

Les 10 sites les plus visités du territoire en 2024 (par rapport à 2023)

  • 1 – Domaine départemental de Vizille (848 093 visiteurs, +1 %)
  • 2 – Téléphérique Grenoble-Bastille (366 702 visiteurs, –3 %)
  • 3 – Musée de Grenoble (198 201 visiteurs, +102 %)
  • 4 – Muséum de Grenoble (95 820 visiteurs, +24 %)
  • 5 – Musée de la Révolution française (78 363 visiteurs, +19 %)
  • 6 – Musée de l’Ancien Évêché (74 111 visiteurs, +35 %)
  • 7 – Cosmocité (65 316 visiteurs, première année pleine)
  • 8 – Base de loisirs du Bois français (63 144 visiteurs, –15 %)
  • 9 – Musée dauphinois (56 360 visiteurs, –9 %)
  • 10 – Musée Hébert (56 149 visiteurs, +98 %) 
  • Total : 2 095 676 visiteurs sur l’ensemble du territoire de l’agglo en 2024 

Source : Grenoble Alpes Tourisme

Commentaires

Ajouter un commentaire

Langue
La langue du commentaire.
Votre commentaire

HTML restreint

  • Balises HTML autorisées : <a href hreflang class title aria-label> <em> <strong> <cite> <blockquote cite> <code> <ul type> <ol start type> <li> <dl> <dt> <dd> <h2 id> <h3 id> <h4 id> <h5 id> <h6 id> <span class> <div class>
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
Email
Merci de saisir votre adresse email
Nom
Merci de saisir votre nom
CAPTCHA
Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain ou non afin d'éviter les soumissions de pourriel (spam) automatisées.
Leave this field blank

A lire aussi

Suivez-nous

Abonnez-vous

Abonnez-vous à nos newsletters S'abonner