L’ILL Grenoble au sommet de la recherche neutronique mondiale
Une grande campagne de modernisation des équipements scientifiques de l’Institut Laue-Langevin s’est achevée par un investissement de 3M€, dont 1,8 M€ provenant de l’Union européenne et la Région. L’ILL confirme ainsi sa position de leader mondial de la science et la technologie des neutrons.
Créé en 1967 par l’Allemagne et la France, rejointes en 1973 par le Royaume-Uni, l’Institut Laue-Langevin, basé sur la Presqu’île scientifique de Grenoble, est tout simplement « le réacteur à haut flux fournissant les faisceaux de neutrons les plus intenses au monde ». Une caractéristique essentielle pour observer et analyser la matière à l’échelle atomique, dans des disciplines telles que la physique fondamentale, la biologie structurale, la science des matériaux, la chimie, l’énergie… Chaque année, ce sont ainsi plus de 1 500 scientifiques internationaux qui viennent à Grenoble « pour exploiter l’ensemble unique de 43 instruments neutroniques de l’ILL », précise l’ILL.
Investiguer des domaines d’application stratégiques, comme la santé ou l’énergie
Parmi ces équipements, les deux instruments D11 et NeXT-MoTo ont fait l’objet d’un projet de modernisation d’un montant de 3 M€, dont 1,8 M€ apportés par l’Europe et la Région. « D11 offre désormais des performances considérablement améliorées pour explorer les structures et les processus biologiques à l’échelle nanométrique. Or cette échelle comprise entre 1 et 100 nanomètres est très importante pour comprendre les propriétés macroscopiques d’une cellule, la fonction et la conformation d’une protéine, l’impact de principes actifs et leurs interactions sur le corps humain, évalués avec une grande précision », commente Jacques Jestin, directeur France et directeur scientifique de l’ILL. « Un investissement clé pour aboutir à la mise au point de nouveaux traitements médicaux, dans les domaines des maladies neurodégénératives, de la cancérologie et l’infectiologie, notamment. »
Le deuxième équipement, NeXT-MoTo, fournit une imagerie neutronique permettant d’analyser la matière à l’échelle du micron. « Il permet d’observer par exemple les cycles de vie d’une batterie, d’analyser les charges et décharges successives, de comprendre pourquoi le lithium se déplace moins bien et altère les performances d’une batterie dans le temps. Ces travaux sont menés en collaboration avec des chercheurs spécialisés et des industriels du secteur », poursuit Jacques Jestin. Le domaine des batteries est l’un des sujets sur lequel l’ILL a bâti une stratégie scientifique comprenant aussi trois autres grandes orientations de recherche : les matériaux quantiques, la fabrication avancée et les transitions de phase liquide-liquide pour des applications médicales.
50 M€ d’investissement pour contribuer à la souveraineté scientifique et technologique de l’Europe
Le financement obtenu pour D11 et NeXT-MoTo vient en consolidation de deux vastes programmes d’investissement successifs. En 20 ans, les pays fondateurs et associés de l’ILL, avec le soutien de l’Europe, ont injecté pas moins de 50 M€ pour équiper ou moderniser le réacteur ou les instruments scientifiques de l’ILL, créé il y a presque 60 ans à Grenoble. L’Institut Laue-Langevin, appelé en hommage aux scientifiques spécialistes de la physique des neutrons, l’Allemand Max von Laue et le Français Paul Langevin, emploie 550 personnes, dont une centaine de chercheurs permanents ou présents sur une durée temporaire correspondant à leur programme de recherche. Les ingénieurs et techniciens dédiés au fonctionnement et à la maintenance des équipements et du réacteur, représentent environ la moitié des effectifs. « Avec ce parc instrumental "à neuf", l’ILL présente des capacités jamais atteintes au niveau mondial dans le domaine de la recherche neutronique. C’est un investissement stratégique pour la science européenne et pour les solutions concrètes qu’elle apporte à la société. C’est enfin un atout considérable pour l’écosystème d’innovation grenoblois », termine Jacques Jestin.
E. Ballery

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