Antoine Sirand, commissaire aux comptes : « Le report de la CSRD a représenté une douche froide. »

De quelle façon les commissaires aux comptes ont-ils perçu la révision de la CSRD ?

La France a été le premier pays d’Europe à transposer en droit français la CSRD, et son concept de reporting extrafinancier. Ce qui montrait l’intérêt à aller de l’avant sur les enjeux de durabilité. Dès lors, depuis 2023, notre profession travaille sur le sujet afin de pouvoir être prête à répondre aux nouvelles obligations pour les grandes entreprises et les PME cotées en Bourse. De nombreux cabinets ont joué le jeu en réalisant des investissements conséquents, dans la formation de leurs équipes notamment. En reportant de deux ans l’application de la directive européenne et en réduisant le périmètre des entités directement concernées de près de 85 %, la mesure a donc sonné comme une douche froide. 

Comment vous êtes-vous préparés à accompagner les entreprises sur leur reporting extrafinancier ?

Il s’agit d’une donnée complètement nouvelle pour laquelle nous avons dû nous structurer. En France, 2 700 commissaires aux comptes sont habilités à certifier les états de durabilité des entreprises, à contrôler les données extrafinancières et à vérifier la conformité des pratiques RSE aux normes légales et réglementaires. Ce nombre sera amené à croître puisqu’en tout, ce sont près de 4 200 professionnels qui se forment sur ces thèmes, sur un total de 11 200 commissaires aux comptes en France. À cela s’ajoute notre accompagnement continu auprès des clients pour lesquels les sujets de durabilité sont de plus en plus présents et ont des incidences importantes sur leur exploitation.

Dans son ampleur et sa mise en œuvre, la CSRD constitue-t-elle le principal tournant de votre profession ?

Il est vrai que les enjeux soulevés par la CSRD ont un impact important. Toutefois, elle s’inscrit dans une dynamique de transformation plus large que nous connaissons depuis plusieurs années. En 2005, l’introduction des normes comptables internationales a entraîné de profonds changements dans nos pratiques. Plus récemment, la cybersécurité ou encore l’intelligence artificielle viennent bouleverser notre environnement économique, nos métiers et nos méthodes de travail. Ces évolutions structurantes nous obligent à nous réinventer, et à faire preuve d’une très forte adaptabilité pour accompagner nos clients dans un environnement de plus en plus incertain et volatile.

R. Charbonnier

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