Jean-Paul Babey, président du cluster Assurance Vallée : « Savoir évaluer et anticiper des risques constitue un gage de résilience. »
L’évolution des exigences en matière de RSE impose aux assureurs de jouer un rôle central dans l’accompagnement des entreprises vers la conformité, à la fois en amont par la prévention des sinistres, et en aval par l’adaptation des offres. Pour Jean-Paul Babey, président du cluster Assurance Vallée*, le management des risques sociaux et environnementaux représente un levier stratégique essentiel.

Comment les assureurs contribuent-ils à prendre en compte les défis sociaux et environnementaux ?
L’une de nos missions prioritaires est d’analyser les évolutions sociologiques à travers le prisme du risque et des peurs individuelles. Quelles sont aujourd’hui les inquiétudes qui poussent les personnes à s’assurer ? Un autre rôle consiste à promouvoir la prévention face à des risques qui ne sont plus aléatoires, mais de plus en plus récurrents. Indirectement, les assureurs sont également parties prenantes au sujet : en tant que dépositaires de fonds mutualisés, ils soutiennent les investissements verts et l’économie locale, et encouragent la transition vers une économie circulaire.
De quelle façon les entreprises sont-elles accompagnées ?
Les assureurs offrent un conseil et une expertise avisés auprès de leurs clients dans la gestion et la maîtrise de leurs risques. Ils peuvent se déplacer sur site pour évaluer précisément les risques à couvrir et vérifier la conformité aux normes requises avant la signature d’un contrat. Lorsqu’une entreprise est soumise à la directive CSRD, les assureurs analysent notamment les scopes 1, 2 et 3 liés aux émissions de gaz à effet de serre. Ils évaluent l’exposition aux risques environnementaux et adaptent leurs offres en conséquence.
La RSE est-elle un atout en termes de management des risques ?
Dans le domaine de la sécurité routière, l’instauration de règles plus strictes a permis de réduire le nombre de décès, malgré une augmentation des kilomètres parcourus chaque année. De même, l’installation d’extincteurs dans les bâtiments a contribué à limiter les risques d’incendie. Pour les enjeux liés à la RSE, savoir évaluer et mieux anticiper des risques constitue un gage de résilience et de pérennité pour les entreprises. Le seul bémol est que cette prise de conscience gagnerait à s’inscrire dans une perspective à court terme, en vue de répondre rapidement aux défis du moment.
Pour mieux répondre à ces risques, les offres évoluent-elles ?
Alors qu’un produit d’assurance pouvait être auparavant modifié tous les 20 ans, la période s’est considérablement raccourcie et a aujourd’hui été réduite à 2 ou 3 ans dans certains domaines. Par exemple, la couverture d’un chirurgien utilisant un scalpel n’est plus du tout la même lorsqu’il opère avec un robot. Sur le plan environnemental et social, la situation est similaire : face à de nouveaux risques, il faut faire preuve d’une grande créativité dans la conception des contrats pour s’adapter aux enjeux et défis émergents. Quoi qu’il en soit, la prévention apparaît comme le levier indispensable pour réduire la fréquence des sinistres et, in fine, les coûts qui en découlent.
R. Charbonnier
*Créé en 2018, le cluster regroupe une trentaine d’acteurs de l’assurance en Auvergne-Rhône-Alpes
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