Lulu, le bienvenu

Ne cherchez pas : si « Lulu » fleure bon le petit nom de jeunesse, c’est tout simplement parce que le chef se prénomme Lucas (Baudin, de son patronyme), et que pour ce qui est de sa première table à lui, il n’aurait jamais imaginé l’appeler autrement que par ce diminutif donné depuis son enfance. Et il a eu raison, tant son établissement respire un côté frais, sympa, agréable, ce qui n’exclut ni le style ni la qualité. Bien formé (il a officié plusieurs années au Bistrot La Gare, à Saint-Ismier), il a donc investi ce petit pan d’une des rues les plus passagères de Grenoble. Il a entrepris d’y proposer une cuisine aux allures bistronomiques, parfaitement en harmonie tout à la fois avec la clientèle de centre-ville et avec la décoration très élégante qu’il a choisie de donner à la salle : sièges clairs et banquettes cosy, coussins moelleux, murs blancs, tables de marbre d’un côté, et, de l’autre, long bar s’étirant sur fond de mur en vieilles briques, où l’on peut siroter apéritifs et cocktails, tout en observant en direct le chef s’affairer derrière le zinc à ses préparations et à ses grillades. 

Des plats toujours joliment relevés d’une pointe d’originalité 

Sa cuisine est de saison, avec une carte qui change chaque mois, mais où l’on retrouve toujours une façon bien personnelle de donner une signature à ses propositions. Ainsi l’œuf parfait est-il crémé aux cèpes sur une chiffonnade de jambon, le foie gras maison servi sur un coulis d’abricot ou de figue au thym, la bavette d’aloyau se relève-t-elle d’une sauce au vin sur ses pommes grenailles, et le filet de bar nage-t-il dans une poêlée d’épinards à la pointe d’ail… Et la carte est pleine de ces petites trouvailles qui font voyager, d’une burata à l’italienne sur une crème de poivrons, à un jambon blanc truffé dans une crème de truffe, ou un tataki de thon au guacamole et à l’huile exotique. 

Tout concourt à vrai dire, à donner un côté à la fois chaleureux et raffiné aux assiettes : un service élégant, des dressages colorés, la fraîcheur des produits, la variété des épices et des saveurs. Avec, le soir, la douceur animée de la terrasse en pleine rue et, pour des repas plus intimes ou à convives plus nombreux, la fraîcheur d’une table en sous-sol, dans une ancienne cave joliment voûtée. Le tout est vivant, détendu, frais, à l’image des desserts préparés évidemment maison : le chou (une ganache montée au chocolat noir sous un coulis de framboise), l’agrume (des mandarines poêlées dans une mousse vanille et un coulis de citron vert, accompagnées d’un sablé au romarin), l’île flottante (une crème anglaise aux cassis blancs en neige). Ou, must du must, une meringue à l’italienne, craquante et fondante, à faire damner un monsignore. Surtout si on l’accompagne d’un rosé du Château Léoube, odorant et velouté, qui fleure bon les senteurs de Bormes-les-Mimosas. Vraiment mimi Lulu… 

Jean Serroy

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Du veggie très éclectique